- Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre
Dieu ou les dieux ? Le nom hébreu est Elohim, pluriel de Eloha qui signifie Dieu. Nous avons un sujet pluriel d’un verbe au singulier. Anomalie ? Formule de politesse ? L’anomalie doit être écartée ; elle n’est pas pensable pour un texte d’une telle importance. Le pluriel de majesté est une supposition et ne s’accorde pas avec le temps du verbe. Notre méthode est de chercher une raison logique dans le texte lui-même, sans supposer quoique ce soit. Cela nous permettra de voir que cette étrangeté relève en définitive d’une logique parfaite.
Par « définition » Dieu est éternel et infini puisqu’il est présenté comme étant l’origine de tout. Il n’est donc pas dans l’espace-temps qu’il créé, mais il est hors de toute mesure et localisation dans cet espace-temps, hors de toute finitude, en un mot infini. Il n’est pas avant le temps, expression absurde qui s’auto-contredit ; il est intemporel. Or l’infini ne peut être réduit à un nombre. Dire qu’il n’y a qu’un Dieu ne veut pas dire que l’on n’en compte qu’un, mais qu’il est indénombrable. L’infini ne se mesure ni ne se dénombre. Dire les dieux créèrent, désignerait encore un certain nombre de dieux dénombrables ou non. C’est tout aussi absurde. En opposant le pluriel d’Eloha au singulier du verbe, les rédacteurs de la Genèse ont trouvé la seule expression logique possible.
L’opposition entre pluriel et singulier met Dieu en abîme ; sa définition est repoussée à l’infini. Si le texte n’avait mentionné qu’un seul Dieu, il l’aurait donc situé à l’origine de l’espace-temps. Or l’espace-temps ne peut avoir une origine. Le temps ne peut pas commencer. Le vide total ne peut pas générer un espace. Même dans la théorie actuelle d’un champ d’énergie initial, il faut que quelque chose se passe et donc qu’il y ait quelque chose agissant dans une certaine durée avec une certaine force. L’origine ne peut pas être une personne ou un événement unique ou dénombrable, mais nous apparaît une comme à quelqu’un qui voit l’origine du tunnel. Derrière son entrée, il y a l’infini.